Les dents peuvent présenter des colorations disgracieuses jaunâtres, brunâtres ou grisâtres qui altèrent le sourire. Ces colorations peuvent être plus ou moins prononcées, superficielles ou profondes. Les colorations superficielles sont dues à la plaque dentaire et au tartre qui en résultent. De nombreux colorants alimentaires (café, thé, vin, betterave, myrtille…), la nicotine et certains produits pharmaceutiques (bains de bouche à base de chlorexidine) colorent les dents, le tartre et les restaurations en résine composite.
Les colorations plus profondes sont également plus résistantes et elles sont liées à l’hérédité, au vieillissement ou acquises à la suite de la prise de certains médicaments (tétracyclines, médicament à base de fer) qui se fixent dans la dent au moment de sa formation. Il existe enfin des lignes blanches discrètes pouvant être accompagnées de tâches blanches crayeuses et de petits défauts de l’émail. Ceci est provoqué par la prise en excès de fluor lors de la formation des dents, avec des perturbations dose-dépendantes pouvant aller jusqu’à des colorations brunâtres compliquées de nombreuses érosions de l’émail.
Il faut en premier lieu déterminer l’origine des colorations. Pour toutes les colorations superficielles, un détartrage ou un surfaçage associé à un polissage doit permettre de les éliminer. Les colorations plus profondes relèvent de ce que l’on appelle un blanchiment ou un éclaircissement selon la concentration du produit utilisé et son mode d’application. En réalité, il s’agit d’éclaircissement des pigments présents au sein de la dent. Les résines composites doivent être refaites si elles ne sont plus étanches, poreuses ou si leur teinte n’est plus adaptée. En effet, les produits n’ont aucun effet sur ces restaurations ou sur la teinte d’une couronne présente. Par ailleurs, les petites tâches blanchâtres localisées dues à une fluorose seront moins dominantes si le reste de la dent est éclairci. Elles pourront alors être ponctuellement supprimées par le collage d’un composite.
Ainsi, avant de procéder à un blanchiment ou un éclaircissement, il faut bien examiner la situation. Une intervention est indiquée en présence de colorations internes, et les teintes brun-jaune répondent mieux au traitement que les teintes grises. Pour les colorations résultant de la prise de tétracyclines, le traitement sera plus long et les résultats plus aléatoires. Pour les colorations sévères, l’éclaircissement est plus indiqué que le blanchiment, bien qu’il amène essentiellement une atténuation de la teinte et permet un meilleur aspect des restaurations prothétiques (facettes) qui devront suivre. Les dents présentant des ciments composites non étanches ou des grosses restaurations, les dents hypersensibles, ou les dents de nos jeunes patients en dessous de 18 ans ne doivent pas être éclaircies.
Il y a deux techniques, qui reposent sur la diffusion d’eau oxygénée à travers l’émail pour agir en profondeur.
La technique ambulatoire consiste à réaliser des gouttières personnalisées à partir d’une empreinte des arcades. Le patient fait son blanchiment à domicile. Après un brossage minutieux, la gouttière est garnie avec modération avec la seringue contenant le produit actif. Elle est ensuite positionnée en bouche, et les fuites de produit sont éliminées au niveau de la gencive. Le port de la gouttière se fait pendant 3 à 5 heures en une ou deux fois. Il est possible aussi de raccourcir le port et augmenter le nombre d’applications. Le port de nuit est plus efficace compte tenu de la baisse du débit salivaire. Les résultats sont fonction du temps de port, de la durée du traitement, de la concentration du produit et surtout du degré de coloration initiale. Il est conseillé d’éclaircir l’arcade supérieure, puis l’arcade inférieure pour apprécier l’évolution.
La technique immédiate au fauteuil débute par la mise en place d’une protection gingivale étanche, le produit éclaircissant est placé sur les surfaces dentaires pendant 5 à 10 minutes, et il est renouvelé 3 fois en moyenne. La chaleur ou la lumière vont permettre d’améliorer la réaction. A la fin de la séance, les dents sont nettoyées et on applique du fluor pour reminéraliser les surfaces dentaires et diminuer les sensibilités. Il est possible de poursuivre la technique au fauteuil immédiatement par un traitement ambulatoire.
La technique de blanchiment ambulatoire est le traitement de première intention. L’efficacité est certaine si les indications sont bien posées et si le patient en accepte les contraintes. C’est la technique qui apporte le plus de sécurité à l’heure actuelle parce qu’elle utilise des produits actifs peu concentrés.
La technique d’éclaircissement au fauteuil est réservée aux cas sévères ou aux patients pressés. Elle est aussi plus onéreuse et elle nécessite quelquefois d’être poursuivie par du blanchiment au fauteuil pour atteindre les objectifs. Dans tous les cas, il faut faire un détartrage polissage initial, et éviter tous les facteurs qui vont colorer superficiellement les dents.
En résumé, blanchiment et éclaircissement sont des procédés sûrs, réservés aux adultes, sans suites notables et permettant d’améliorer l’aspect des dents sans les toucher, avec un résultat prévisible si l’indication est bien posée.
Tous les produits actifs aboutissent à la présence de peroxyde d’hydrogène ou eau oxygénée au contact de la dent. Plus le pourcentage de libération d’oxygène est important, plus le produit est actif et peut entrainer une réaction secondaire.
En ambulatoire, les produits médicaux utilisés contiennent généralement du peroxyde de carbamide 10 à 16%, et au fauteuil du peroxyde d’hydrogène 15 à 35%. Pour information, du peroxyde de carbamide 10% délivre du peroxyde d’hydrogène à 3%. La législation actuelle (octobre 2012) interdit l’utilisation en ambulatoire d’un produit de blanchiment cosmétique ayant une concentration de plus de 6% de peroxyde d’hydrogène. Les produits affichant une concentration supérieure à 6% de peroxyde d’hydrogène sont considérés comme des produits d’éclaircissement et non plus de blanchiment. Ils restent Dispositifs Médicaux et donc destinés au seul usage des professionnels pour une application dite « au fauteuil », c’est-à-dire dans le cadre stricte du cabinet dentaire. Ainsi, le principe actif est 4 à 10 fois moins concentré dans un gel utilisé en ambulatoire par rapport à celui utilisé au fauteuil.
Par ailleurs on retrouve dans les gels des adjuvants comme des agents épaississants qui maintiennent le gel au contact de la dent, des solutions parfumées, ou des nitrates de potassium et des fluorures. Ces derniers constituants diminuent significativement la sensibilité post-opératoire. Celle-ci est majorée en cas d’hypersensibilité préexistante et de collets dénudés. Si des sensibilités apparaissent lors du traitement, il est nécessaire de diminuer le temps d’application du produit et d’utiliser des dentifrices fluorés. En règle générale, tous ces signes disparaissent progressivement en 2 mois.
Le deuxième incident pouvant survenir concerne des irritations de la gencive, en particulier avec la technique au fauteuil, puisque on l’observe avec des concentrations supérieures à 3% de peroxyde d’hydrogène. Il faut protéger la gencive de façon étanche.
Oui, si elle n’est pas trop délabrée, et si la coloration ne résulte pas de la présence d’un plombage. Il faut dans un premier temps reprendre le traitement canalaire si celui-ci est incomplet, puis mettre un ciment hermétique à l’entrée de la racine pour isoler l’obturation. Il faut ensuite bien nettoyer la chambre pulpaire pour enlever tous les résidus cariés et infiltrés. On dispose alors dans ce réceptacle un mélange pâteux de perborate de sodium et d’eau que l’on protège avec un pansement. Ce mélange aboutit à la libération d’oxygène natif au centre de la dent. Il est laissé trois semaines, et renouvelé 2 à 3 fois selon la coloration initiale. La restauration coronaire finale est capitale. De la qualité du collage dépend en grande partie la pérennité du résultat.
Non, il peut s’atténuer dans le temps et nécessiter un renouvellement après quelques années. Mais des précautions élémentaires vont entretenir le résultat obtenu. Il s’agira d’assurer un contrôle de plaque régulier et minutieux, et de limiter tous les facteurs alimentaires pouvant contribuer à la survenue de colorations superficielles.